BULLETIN 2004
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Quand à la fin de l'an passé, nous choisîmes de commémorer le Bicentenaire de la naissance de Charles Auguste Guerry de Beauregard de Launay, nous étions persuadés qu'il s'agissait d'un sujet en or. Pensez donc une personnalité hors du commun l'enfant du Retour, un adolescent modèle. Il fut admis dès l'âge de 13 ans par grâce royale à l'école de Saint Cyr. II s'y distingua par son talent de dessinateur en cartographie militaire, discipline alors en pleine expansion. Son excellente santé lui permit d'endurer l'été caniculaire de l'Andalousie. Il fut ensuite, armateur, architecte, styliste, exploitant d'un grand domaine agricole, promoteur de l'Instruction Publique et gratuite. Il fut surtout un grand chrétien et un légitimiste intransigeant. Mais Iorsqu'il nous fallut aborder le chapitre du Trocadéro, les difficultés commencèrent. Tout d'abord,
qu'évoque donc aujourd'hui ce toponyme un peu ridicule,
sinon une station de métro parisien au pied de la colline
de Chaillot avec un bassin tout de même assez grand pour
avoir contenu il y a quelques semaines la proue d'un sous-marin
de poche. L'autre raison
de notre appréhension était que l'expédition
de 1823, on dirait maintenant une expédition sur un théatre
d'opérations extérieures n'avait pas été
loin de là, une tasse de thé pour les stratèges
et les historiens. Dans la nuit
du 31 août, dix huit compagnies d'élite, commandées
par les généraux Obert, Goujon et d'Escars, se forment
en colonnes d'attaque, traversant le canal, s'approchent des retranchements
dans un profond silence et s'y précipitent aux cris de
"vive le roi ". On dormait dans les forts; les sentinelles
surprises n'eurent pas même le temps de donner l'alarme
et les artilleurs furent tués sur leurs places. Les Espagnols
perdirent environ cinq cents hommes; notre perte ne fut que de
trente cinq tués et cent dix blessés. Fin de la
citation. Telle fut la bataille du Trocadéro. Revenons
au Trocadéro, et donc à Charles Auguste, qui nous
a heureusement laissé ses carnets de route et les lettres
qu'il écrivait à sa mère, Grâce à ces documents, nous sommes en mesure de peser les raisons de la démission de I'armée de notre aïeul. Outre des
motifs personnels, son marlage bien sûr, en 1826, il faut
prendre en compte l'évolution de I'état d'esprit
des jeunes officiers de sa génération, tous issus
du même milieu, le regain du pacifisme après un quart
de siècle de guerre, de massacre et de ruine, le peu d'enthouslasme
pour des campagnes au delà des frontières, dans
le but discutable d'une union européenne, alors baptisée
la Sainte Alllance, la création de nouvelles activités
pour les cadets de famille et la méflance d'un régime
politique, soumis au résultat des élections et à
l'humeur de la populace parisienne. Le Trocadéro fut l'avant dernière victoire incontestée de I'armée française. La dernière, en 1830, devait être la prise d'Alger en réalisation du vu de Charles X : "Infirmer à jamais le péril barbaresque et rechristlaniser la Numidie de Saint Augustin". Le Roi prenait le relais des chevaliers de Saint Jean, puisque l'Ordre de Malte n'était plus là, son île ayant été violée par Bonaparte et volée par les Anglais. La France, désormais, ne remporta plus, seule, aucune bataille, ne gagna plus, seule, aucune guerre, sans l'aide, chaque fois, d'alliés qui, comme on le sait, ne furent ni innocents ni désintéressés. Charles Auguste nous a laissé la liste des 594 élèves officiers des promotions de Saint Cyr, de 1819 à 1821, dont il était, et qui participèrent à l'expédition d'Espagne. Nous avons comptabilisé les Vendéens, ses cousins, ses voisins et aussi ceux qui, par marlage devinrent des chefs de branche de notre famille. Nous en avons trouvé 63 - 63 sur 594 - En
voici quelques uns: Alors aujourd'hui, 180 ans après, nous pouvons dire: "en 1823, à Pampelune, à Madrid, au Trocadéro, à Cadiz, oui, nous y étions !" Imaginez cela : Saint Sébastien le 15 mai, 100 000 hommes ont franchi les Pyrénées derrière le Duc d'Angoulême, derrière son maréchal de camp, Auguste de La Rochejaquelein, derrière les drapeaux fleur de lys de tous les régiments ; ils marchent, pour interdire l'accès du territoire espagnol, aux révolutionnaires apatrides qui ont rameuté une bande de furieux, les amis de Manuel, d'Armand Carrel et de Béranger, des demi-soldes, des députés libéraux, des frimassons et des journalistes parisiens qui crachent leur haine et hurlent leur chanson de sang et de mort. Les chiens aboient, la caravane passe Et voilà les Vendéens, nos grands-pères, nos grands-oncles, d'une seule voix, comme en 1793, comme en 1815, qui entonnent l'hymne sacré de Saint Fortunat, premier évêque de Poitiers. Vexilla
Regis Prodeunt ! |