Avant de
célébrer cette messe pour les défunts et
les vivants de vos familles, laissez-moi vous dire toute ma joie
d'accueillir, en cette chapelle de Notre Dame de Beauchêne,
les membres de l'Association des descendants La Rochejaquelein.
Il est vrai, qu'au cours des siècles, des liens très
étroits se sont tissés entre certains membres de
vos illustres familles et, ce haut lieu de prière de notre
bocage vendéen. Sans oublier, que pour nous, les "pères
de Beauchêne" comme on nous appelle, vous nous avez
offert la possibilité de fonder, près de cette chapelle,
un monastère qui ferait revivre, en France, un ordre religieux,
autrefois très répandu mais que la Révolution
avait fait totalement disparaître : l'ordre des Chanoines
Réguliers de Saint Augustin.
A la demande de Monsieur Yorick de Beauregard, je vais vous rappeler,
brièvement, quelques étapes qui ont marqué
plus particulièrement cette relation, très étroite,
entre vos familles et le sanctuaire de Beauchêne.
La chapelle et ses dépendances, qui étaient la propriété
de Marie Louise Victoire Donissan de Citran, veuve de Louis de
Salgues de Lescure avaient été vendues comme bien
national en 1793 et furent rachetées par son fondé
de pouvoir. Devenue Marquise de La Rochejaquelein, elle chargea,
par testament, son petit-fils, Julien de La Rochejaquelein, de
remettre à l'évêque de Poitiers, la propriété
de la chapelle et de ses dépendances. Ce qui fut fait en
1864.
Peu de temps après, deux religieuses, chanoinesses de Saint
Augustin, du couvent des Oiseaux à Paris et de la famille
La Rochejaquelein, (l'une d'elles était la sur de
Julien) firent transmettre à l'évêque de Poitiers,
Mgr Pie, une forte somme d'argent dans le but de faire construire
à Beauchêne, un monastère pour être
religieux auxquels serait confié le soin de desservir le
sanctuaire.
C'est ainsi que lors de son séjour à Rome, en 1867,
pour sa participation au Concile Vatican I, Mgr Pie y pourvut
en appelant les Chanoines Réguliers de Saint Augustin,
de la Congrégation de Latran. C'est le 29 Septembre 1872
que se fit l'installation officielle dans un monastère
encore inachevé. Dans l'impossibilité de loger surplace,
les religieux furent accueillis, pour plusieurs mois, au Château
de la Tremblaye, sur la paroisse du Pin.
Mais les lois antireligieuses votées par les gouvernements
francs-maçons de la 3ème république, allaient
très vite perturber la jeune fondation. Il était,
en effet, interdit aux religieux de vivre en communauté
! C'est aux châteaux du Deffent et de la Louisière
que plusieurs d'entre-deux trouvèrent refuge.
Le monastère fut mis en vente en 1885. Le même Julien
de La Rochejaquelein, qui avait donné la chapelle au diocèse
peu d'années auparavant, le racheta et le bâtiment
fut alors considéré comme propriété
privée. Mais le culte restait interdit dans la chapelle.
De leur côté, Mlle Berthe et Mr le Comte Charles
Beauregard se portèrent acquéreurs du mobilier et
d'une partie des terrains.
Ce ne sera qu 'en 1920 que la Communauté pourra se reconstituer
à nouveau, les propriétaires remettant chapelle
et monastère au service des religieux.
Mais les lois anti-congréganistes n'avaient pas été
abrogées. Les religieux ne jouissaient donc d'aucune existence
légale, même si, à cette époque, l'Etat
fermait les yeux...
Plus tard, Henri de Beauregard du Deffend, et Michel de Beauregard
de Clisson, voulant associer à leur uvre de soutien
un plus grand nombre de membres de leurs familles, créaient,
en 1954, la Société Civile Immobilière de
l'Abbaye de Beauchêne"
Et puis, face aux contraintes administratives et plus particulièrement
pour des raisons financières, qui auraient pu être
catastrophiques, avec les droits exorbitants de succession, des
démarches furent entreprises pour obtenir de l'état
la reconnaissance légale de notre Communauté. Cela
s'est finalement concrétisé en 1992. Devenue personne
morale, la communauté était donc habilitée
à gérer ses propres biens.
Voilà brièvement rappelés, les liens qui
unissent le Sanctuaire et le Monastère, à vos familles,
réunies aujourd'hui auprès de Notre Dame de Beauchêne.
Dans cette messe que nous allons maintenant célébrer
ensemble, unissons donc nos prières à l'intention
de vos aïeux et de leurs descendants. Pour moi, en tant que
"père de Beauchêne ", cette célébration
sera aussi l'occasion d'une intense action de grâce.
Père Thibaut
Chanoine de St Augustin
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