BULLETIN 2000

AU SANCTUAIRE DE NOTRE DAME DE BEAUCHENE
Le 24 juillet 1999
HOMELIE DU PERE THIBAUT

Avant de célébrer cette messe pour les défunts et les vivants de vos familles, laissez-moi vous dire toute ma joie d'accueillir, en cette chapelle de Notre Dame de Beauchêne, les membres de l'Association des descendants La Rochejaquelein.
Il est vrai, qu'au cours des siècles, des liens très étroits se sont tissés entre certains membres de vos illustres familles et, ce haut lieu de prière de notre bocage vendéen. Sans oublier, que pour nous, les "pères de Beauchêne" comme on nous appelle, vous nous avez offert la possibilité de fonder, près de cette chapelle, un monastère qui ferait revivre, en France, un ordre religieux, autrefois très répandu mais que la Révolution avait fait totalement disparaître : l'ordre des Chanoines Réguliers de Saint Augustin.
A la demande de Monsieur Yorick de Beauregard, je vais vous rappeler, brièvement, quelques étapes qui ont marqué plus particulièrement cette relation, très étroite, entre vos familles et le sanctuaire de Beauchêne.
La chapelle et ses dépendances, qui étaient la propriété de Marie Louise Victoire Donissan de Citran, veuve de Louis de Salgues de Lescure avaient été vendues comme bien national en 1793 et furent rachetées par son fondé de pouvoir. Devenue Marquise de La Rochejaquelein, elle chargea, par testament, son petit-fils, Julien de La Rochejaquelein, de remettre à l'évêque de Poitiers, la propriété de la chapelle et de ses dépendances. Ce qui fut fait en 1864.
Peu de temps après, deux religieuses, chanoinesses de Saint Augustin, du couvent des Oiseaux à Paris et de la famille La Rochejaquelein, (l'une d'elles était la sœur de Julien) firent transmettre à l'évêque de Poitiers, Mgr Pie, une forte somme d'argent dans le but de faire construire à Beauchêne, un monastère pour être religieux auxquels serait confié le soin de desservir le sanctuaire.
C'est ainsi que lors de son séjour à Rome, en 1867, pour sa participation au Concile Vatican I, Mgr Pie y pourvut en appelant les Chanoines Réguliers de Saint Augustin, de la Congrégation de Latran. C'est le 29 Septembre 1872 que se fit l'installation officielle dans un monastère encore inachevé. Dans l'impossibilité de loger surplace, les religieux furent accueillis, pour plusieurs mois, au Château de la Tremblaye, sur la paroisse du Pin.
Mais les lois antireligieuses votées par les gouvernements francs-maçons de la 3ème république, allaient très vite perturber la jeune fondation. Il était, en effet, interdit aux religieux de vivre en communauté ! C'est aux châteaux du Deffent et de la Louisière que plusieurs d'entre-deux trouvèrent refuge.
Le monastère fut mis en vente en 1885. Le même Julien de La Rochejaquelein, qui avait donné la chapelle au diocèse peu d'années auparavant, le racheta et le bâtiment fut alors considéré comme propriété privée. Mais le culte restait interdit dans la chapelle. De leur côté, Mlle Berthe et Mr le Comte Charles Beauregard se portèrent acquéreurs du mobilier et d'une partie des terrains.
Ce ne sera qu 'en 1920 que la Communauté pourra se reconstituer à nouveau, les propriétaires remettant chapelle et monastère au service des religieux.
Mais les lois anti-congréganistes n'avaient pas été abrogées. Les religieux ne jouissaient donc d'aucune existence légale, même si, à cette époque, l'Etat fermait les yeux...
Plus tard, Henri de Beauregard du Deffend, et Michel de Beauregard de Clisson, voulant associer à leur œuvre de soutien un plus grand nombre de membres de leurs familles, créaient, en 1954, la Société Civile Immobilière de l'Abbaye de Beauchêne"
Et puis, face aux contraintes administratives et plus particulièrement pour des raisons financières, qui auraient pu être catastrophiques, avec les droits exorbitants de succession, des démarches furent entreprises pour obtenir de l'état la reconnaissance légale de notre Communauté. Cela s'est finalement concrétisé en 1992. Devenue personne morale, la communauté était donc habilitée à gérer ses propres biens.
Voilà brièvement rappelés, les liens qui unissent le Sanctuaire et le Monastère, à vos familles, réunies aujourd'hui auprès de Notre Dame de Beauchêne.
Dans cette messe que nous allons maintenant célébrer ensemble, unissons donc nos prières à l'intention de vos aïeux et de leurs descendants. Pour moi, en tant que "père de Beauchêne ", cette célébration sera aussi l'occasion d'une intense action de grâce.

Père Thibaut
Chanoine de St Augustin