BULLETIN 1997

CHATEAU CITRAN - UN EDIFICE MAJEUR DANS L'HISTOIRE FAMILIALE

LE GROUPE TAILLAN ACHETE CHATEAU CITRAN

II est paru dans la presse économique la vente de Château Citran et de ses 90 hectares de vignes. Ce ne fut pas une très brillante opération financière pour le groupe japonais qui l'avait acquis en 1980 pour 120 millions de francs et l'a revendu en 1996 35 millions ! Le château revient dans des mains françaises (groupe Taillan).
Au XVIII ème siècle le château de Citran était la propriété du Marquis de Donissan. Ce dernier avait d'abord pensé marier sa fille Victoire avec son cousin germain, Comte de Lescure. Mais ce dernier héritait de son père une situation criblée de dettes. Il avait alors pensé au Comte de Montmorin, fils d'un ministre de Louis XVI, mais cette famille eut aussi de très gros revers de fortune.
Quelques années plus tard Louis Marie de Lescure menant une vie très sage avait su remettre de l'ordre dans ses affaires. Comme il le souhaitait il devenait un bon parti pour sa cousine. Il fut donc invité en juin 1791 au château de Citran et la future Marquise écrira "Notre mariage fut décidé, nous nous trouvâmes les plus heureux du monde". Le mariage fut en effet célébré trois jours après l'arrivée de l'ancien "fiancé".
C'est près de huit ans après la mort de son mari que Victoire de Lescure va devenir Victoire de la Rochejaquelein, dans le château de sa jeunesse, le 1er mars 1802. Le nouveau ménage va se partager entre Citran et Clisson mais c'est dans la propriété Donissan que Victoire donnera le jour à ses 7 premiers enfants.
Louis et son épouse subiront à Citran les mêmes persécutions qu'à Clisson, notamment domesticité infiltrée par la police de Fouché. Le 6 novembre 1813 le maire de Bordeaux, Monsieur Lynch, fit savoir à Louis que la gendarmerie avait ordre de l'arrêter. Il put quitter Citran avant l'arrivée de ceux qui étaient munis de l'ordre suivant : "On prendra Monsieur de La Rochejaquelein mort ou vif, jour et nuit, et on l'amènera à quelque heure que ce soit au ministre".
Il se réfugia à Bordeaux et fut le centre de la résistance. Un an plus tard il allait accueillir Louis XVIII à Calais. Lorsqu'il fut introduit auprès du roi, celui-ci dit "C'est à lui que je dois le mouvement de ma bonne ville de Bordeaux : qu'il entre".
Lors des cent jours, Louis envoya à nouveau sa femme et ses enfants se réfugier en Espagne. Après avoir accompagné le duc de Berry jusqu'à Gand il partit soulever la Vendée jusqu'au jour funeste des Mathes.

G.B.