LES
ZOUAVES PONTIFICAUX A LA BATAILLE DE LOIGNY
J'ai
récemment découvert le JOURNAL DU COLONEL THIROUX,
professeur à l'école de guerre et qui fut un témoin
de la campagne de l'Armée de la Loire pendant la deuxième
partie de la guerre franco-allemande de 1870-1871.
Le 1er décembre 1870 marqua le début
de l'offensive de l'Armée de la Loire. Son chef le général
Chanzy battit le 1er corps Bavarois et le général Von Der
Thann au combat de Villepion, près de Patay.
Le lendemain, il reçut le renfort
d'un détachement formé par le général de Sonis
avec les " Volontaires de l'Ouest " du colonel de Charette,
c'est à dire les anciens Zouaves Pontificaux de retour de Rome,
des gardes mobiles et même des recrues d'Algérie.
Chanzy envoya ces soldats en flanc-garde du 17ème corps qui bloquait
l'entrée du village de Loigny aux Bavarois. La petite troupe marcha
rapidement sur la ferme de Villours, en délogea sept compagnies
ennemies et, sans tirer un coup de fusil, franchit sous un feu terrible
le terrain découvert qui la sépare de Loigny. Le général
de Sonis tomba grièvement blessé (une jambe arrachée),
mais l'élan était donné et ses braves soldats enlevèrent
les maisons voisines du cimetière.
Pour résister à cette poignée
d'hommes résolus, la 17eme division prussienne engagea jusqu'à
ses dernières réserves. Enfin, réduite à 400
hommes valides la colonne dut cesser sa progression.
Bientôt, sous la pression des masses ennemies, elle céda
du terrain. Le colonel de Charette fut à son tour mis hors de combat
et tomba aux mains des Allemands. Les survivants de cette lutte héroïque
se retirèrent en combattant, sans être poursuivis par l'ennemi.
Je n'ai retrouvé aucune trace des
Volontaires de l'Ouest dans le journal de Thiroux qui est cependant très
complet et détaillé. Sans doute, étant donné
leur petit nombre, furent-ils versés dans des corps francs très
hétérogènes avec des fonctions d'auxiliaires.
Pour ce qui est du début de "l'offensive française"
le résultat était absolument négatif. Chanzy rendit
compte au gouvernement de Gambetta à Tours que ses troupes étaient
hors d'état de continuer immédiatement la lutte sinon que
les éléments les plus solides allaient être écrasés
par des forces supérieures.
Gambetta rétrograda immédiatement
Chanzy et le remplaça par d'Aurelle de Paladines en exigeant de
poursuivre énergiquement l'ennemi. Ceci se révéla
impossible et dès le 4 décembre, les Français abandonnaient
Orléans et commençaient à passer la Loire.
Le 6 décembre d'Aurelle était à son tour destitué
et son armée scindée en deux corps, le premier sous Bourbaki,
le second à Chanzy. Ce qui amène notre brave colonel Thiroux
à ajouter : " Malheureusement les organisateurs de la Défense
Nationale (Gambetta et Freycinet) compromirent eux-mêmes à
plusieurs reprises l'existence des armées qu'ils avaient créées
en sortant de leur rôle pour prendre, du fond de leur cabinet, la
direction des opérations militaires. Ils entravèrent ainsi
l'action des généraux en chef et provoquèrent tous
les dangers qui résultent du manque d'unité dans le commandement.
"
A-M.B.
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