LE 11 AOUT 2001 A PUITESSON

     Mes chères tantes, mes chers oncles, mes chers cousines et cousins,

     Bienvenue à Puitesson.
     Voici douze ans que nous nous réunissons chaque année avec autant de plaisir pour honorer la mémoire des La Rochejaquelein dont nous sommes tous des descendants soit de Constance, d'Anne ou de Louis.
     Lorsque tante Marie-Yolande de Durat nous a sollicité pour que la réunion annuelle de l'association se déroule à Puitesson, c'est avec joie que nous avons accepté de recevoir la famille, et aujourd'hui, nous sommes heureux de tous vous accueillir pour cette journée. Nous vous remercions d'être venus si nombreux et pour certains de fort loin. Je souhaite, qu'en repartant ce soir, vous soyez tous ravis de cette réunion familiale à Puitesson, et que chacun d'entre vous aura renoué des liens de famille avec les cousines et cousins qu'il ne connaissait pas avant de venir ici.
     Je voudrais remercier au nom de tous tante Marie-Yolande de Durat, retenue par ailleurs, qui se dévoue à la tête de l'association sans compter ses efforts ni ménager sa peine. Je tiens aussi à remercier pour leur inlassable dévouement les oncles Hubert de Fougerolle, Joseph de Massia, Olivier Busson et Antoine Bergeron rédacteur du bulletin et généalogiste de la famille. Avant de quitter Puitesson ce soir, que chacun n'oublie pas de lui signaler tous les événements familiaux ainsi que les changements d'adresse afin qu'il puisse mettre à jour ses documents et fichiers.
     Enfin, j'ai une pensée particulière pour tous les descendants La Rochejaquelein qui nous ont quitté depuis la précédente journée annuelle de l'association. Là-Haut près du Rédempteur, ils ont retrouvé leurs aînés qui nous ont transmis en héritage : la Foi, l'Espérance et la fidélité à l'Esprit. Ces valeurs ont animé et forgé l'âme de nos ancêtres La Rochejaquelein en particulier d'Henri et plus proche de nous, l'oncle Amblard dont l'érudition et son sens de la famille faisaient l'admiration de tous. L'oncle Amblard a été le ferment et le sel de notre association, sans qui elle n'aurait jamais vu le jour ; aussi et surtout, il incarnait à lui seul et plus que tout autre, l'âme de la famille.
     Nous vous accueillons aujourd'hui à Puitesson ; achetée en 1974 par mes parents et auparavant, la propriété est restée pendant plus de six siècles au sein de la même famille, les Puitesson, puis les Durcot de Puitesson, ainsi que vous pouvez le voir sur le tableau généalogique tiré du tome V de " Châteaux en Logis " de Jean de Raignac.
     Le château de Puitesson que vous avez sous les yeux a un peu plus de cent cinquante ans et malheureusement, nous disposons de très peu de documents ou même de précisions sur ce que pouvait être le vieux Puitesson avant cette reconstruction du XIXeme (1840 - 1850) si bien que je ne puis pas vous donner avec détails une description de ce qui existait précédemment. Néanmoins, il semble que Puitesson était un lourd château féodal avec des tours qui autrefois le défendaient solidement. Il était entouré d'un mur d'enceinte auquel les siècles avaient donné une teinte grisâtre et ressemblait à une vieille maison forte qui s'élevait sur un rocher abrupt entre la Boulogne et deux petits étangs. Durant la révolution, la famille Durcot de Puitesson émigra dès 1792 à Bruxelles, leurs biens furent séquestrés mais n'ont pas été vendus comme biens nationaux, tout du moins en ce qui concerne le château de Puitesson. Il aurait probablement été mis a sac et incendié par les colonnes infernales le 19 juillet 1794 ; le général Huché qui traquait Charrette à St Denis la Chevasse en venant des Lucs sur Boulogne pour terminer sa journée au logis de Beaumanoir (hôpital de l'armée de Charrette) à Boulogne eut soin sur sa route de brûler les habitations et fermes, de massacrer les occupants qui s'y trouvaient n'ayant pu fuir, ainsi qu'il l'a écrit dans ses rapports de campagne.
Vers 1852, un édifice actuel moderne pour l'époque a remplacé la vieille demeure. L'abbé du Tressay dans un ouvrage, paru vers 1873, consacré à Charles Désiré de Puitesson décrit le château actuel de la sorte : " Vous voyez ... se dresser sur un coteau élevé un gentil petit castel récemment planté là par une main habile. C'est une coquette construction avec des sveltes tourelles, des cheminées aériennes et d'élégantes fenêtres. A quelques pas, une vieille tour reste seule comme vestige d'un passé glorieux ".
Revenons au vieux Puitesson, le logis d'habitation était situé à la perpendiculaire du château actuel au niveau du bord de la pelouse. Il avait une cour fermée avec des communs dont une partie subsiste toujours mais " embellie " au siècle dernier. On accédait par un porche dont il reste quelques pierres visibles dans le mur du garage du côté de la ferme. La tour que vous voyez est un vestige du vieux Puitesson remis au goût du XIXeme.
     Par bien des côtés les La Rochejaquelein sont proches de la famille Durcot de Puitesson, tant par leur origine que par leur fidélité, il y a deux siècles, au Trône et à l'Autel. La famille Puitesson d'origine s'est éteinte au début du XVIIème siècle et le nom a été repris pas mariage par les Durcot. En 1603, Anne de St Hilaire, fille unique d'Anne de Puitesson et d'Hélie de St Hilaire, épouse de Claude Durcot, écuyer et seigneur de la Coudraie. C'est ainsi que le château de Puitesson passa aux Durcot qui en prirent le nom et l'habitèrent. Sans donner une généalogie des Durcot de Puitesson ni dresser un portrait de chacun d'eux, je termine ce bref exposé en citant les figures de :
     Pierre Durcot fidèle serviteur d'Henri IV, qui reçut pour ses services rendus le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi et la place de gouverneur de Royan, place forte accordée aux protestants. En effet, celui-ci était protestant et il ne se convertit pas à la suite d'Henri IV au catholicisme. Il resta fidèle au roi tout en restant dans la religion réformée.
     Gilles III Durcot entre en 1718 dans la conspiration de Cellamare contre le régent, pour délivrer le jeune Louis XV de son tuteur. Averti par son fils Charles-Antoine, page du jeune roi, qu'il serait arrêté, il s'enfuit en Italie dont il ne rentre qu'en décembre 1723 après la mort du Régent. Charles-Antoine Durcot de Puitesson souhaite devenir officier, mais son père l'en dissuade fortement car il fut déçu de l'ingratitude de Louis XV qui, ignorant son attitude durant la régence, ne l'aide pas à se rétablir après son exil dans sa fortune et se retire à Puitesson.
     Charles-Désiré Durcot de Puitesson né en 1769 et officier des armées royales, émigra en 1791 depuis Lille où il était en garnison. En 1790, il rédigea une protestation contre les idées progressistes de l'époque qui étaient propagées dans l'armée. Cette protestation paru dans la Gazette de France et ne passa pas inaperçue. Il rejoint les armées des Princes puis celle de Condé avant de revenir en France en 1800 après avoir parcouru l'Europe de long en large. Durant son émigration, il croisa les Suzannet aux Pays-Bas et essaya de rejoindre en 1793 la Vendée, mais en vain. Il participa en 1815, à la quatrième guerre de Vendée sous le commandement de l'Autichamps, il participa au combat des Mattes où il fut fait prisonnier. Libéré quelques semaines plus tard, il regagna Puitesson où il finit ses jours et s'éteint en 1842.
     Voici résumé en quelques mots Puitesson et quelques figures de ce lieu. Maintenant, je laisse la parole aux organisateurs de la journée qui sera, je l'espère, aussi réussie qu'elle est ensoleillée.
     Bonne journée à tous à Puitesson.

 

MESSE AU REFUGE DE GRASLA 11 AOUT 2001

Homélie de i'Abbé Georges de GUERRY.

     Dans la visite de ce lieu de mémoire, votre guide a évoqué en particulier les prêtres qui ont partagé la vie de ces réfugiés : l'abbé Goillaudeau qui célébrait la messe et des baptêmes, ceux qui étaient restés cachés au pays.
     Quel meilleur commentaire peut-on faire que de méditer le sermon, conservé par la fidélité d'une famille, celui de l'abbé REMAUD curé de Chavagnes, un jour de février 1791, où il annonce à ses paroissiens qu'il refuse le Serment à la Constitution Civile du Clergé, et que de ce fait, il lui sera interdit d'exercer son ministère " officiellement ".
     Témoignage exceptionnel de la situation à laquelle de nombreux prêtres furent confrontés.
     Aucun cri de révolte, seule une grande souffrance parcourt ces pages, celle de ne plus pouvoir réunir son troupeau, de lui fixer son devoir à travers ses instructions. Du reste, il a choisi comme thème le mot de l'Evangile : " Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. " Sa vie, il la donne en sacrifiant sa tranquillité à sa fidélité à l'Eglise : " Plus je serai malheureux, plus vous me serez chers. " Renoncer aux revenus attachés à sa fonction ne compte pas pour lui.
     Et puis, il y a la fidélité à l'Eglise, il rappelle que 136 évêques sur 140 ont refusé le serment. Du reste il est au moins prudent d'attendre que Rome se prononce (ce sera fait quelques semaines plus tard). Il a toujours prêché l'obéissance à la loi : comment serait-il parjure à la loi de l'Eglise ?
     " Epreuve de la fidélité ", ces deux mots disent tout le sens de l'exemple des prêtres qui - ici même - ou dans des situations semblables en ont fait leur ligne de conduite.
     Mots prophétiques : dix ans après, puis en 1815, ce pays de Grasla verra arriver le père Baudouin à Chavagnes et le père Monnereau aux Brouzils. Ils y feront une pépinière de vocations religieuses et missionnaires. Ils ont contribué à donner à la Vendée cette vitalité qui ne se dément pas, formidable exemple de la fécondité du sacrifice.
Georges de GUERRY

Paroles de l'Abbé Remaud, curé de Chavagnes Février 1791

... " Un bon pasteur doit souffrir, et mourir même, s'il le faut, pour son peuple. Je déclare que tels sont, plus en ce jour que jamais, les sentiments de mon cœur pour le troupeau que la Divine Providence a daigné confier à mes soins...
...Je me contente de vous dire que je préfère l'autorité de l'évangile, la tradition des pères de l'église, des conciles oecuméniques, l'autorité toujours respectable des Evêques de France, nos pères dans la foi...
... Si ce sont mes péchés, si ce sont les péchés de mon troupeau qui nous attirent tant de malheur, daignez, Dieu de Miséricorde, écouter ma prière :
" Frappez, ne m'épargnez pas, faites retomber sur moi tous les maux dont votre colère est armée, envoyez moi la faim, la soif, la nudité, les chaînes, la mort même, pourvu que vous réserviez pour l'éternité bien heureuse et le troupeau et le pasteur "...
MAGNIFICAT ! MAGNIFICAT !