L'article " L'Allée du Roi ", en première page du précédent bulletin, indiquait, au détour d'une phrase, que Madame de Maintenon était notre tante à tous. Il est intéressant de savoir comment nous nous rattachons à elle, et ce que fut réellement sa vie.

Louis, ayant reconnu ses enfants illégitimes en 1673, ils vinrent demeurer à la Cour avec leur gouvernante.
Son affection pour eux, son zèle et sa longue patience allaient trouver leur récompense. En 1674, le roi fit don à Madame Scarron d'une somme de deux cent mille livres, qui lui permit d'acheter la terre de Maintenon et, peu après, de s'y retirer. A la mort de son mari, en 1660, elle se retrouva à nouveau dans la misère, mais obtint une pension de la reine-mère. Après la mort de celle-ci, alors qu'elle vivait retirée, Madame de Montespan, qu'elle connaissait, lui fit proposer secrètement d'élever les enfants qu'elle avait de Louis XIV. Le roi, qui venait la voir dans sa retraite, apprécia insensiblement les grâces et la tournure délicate de son esprit, en même temps parer du titre de marquise.
Après la rupture définitive du roi avec Madame de Montespan, Madame de Maintenon se garda bien de prendre sa place. La reine mourut le 30 juillet 1683. Après deux mois de veuvage, seulement, dans la nuit du 9 au 10 octobre, Louis XIV épousa Françoise d'Aubigné. Le roi avait quarante-six ans et elle quarante-neuf.
A la mort du roi, après trente-deux années passées avec lui, Madame de Maintenon se retira à Saint-Cyr, école qu'elle avait créée pour l'éducation des jeunes filles nobles, parmi lesquelles elle aimait se trouver. Elle y mourut à 84 ans et y fut inhumée.
Madame de Maintenon nous a laissé des écrits concernant l'éducation des filles, ainsi que des lettres et ses mémoires. Son style se distingue par la simplicité, l'élégance, la justesse et la force jointes à une certaine placidité. Ses Lettres sont des modèles d'urbanité et de bonté.

Elle descendait de :
Théodore-Agrippa d'Aubigné : soudard et poète, " héros " inquiétant des guerres de religion, calviniste ardent, ami et compagnon d'armes d'Henri IV pour qui il expose vingt fois sa vie dans les combats. Homme de plaisir comme de travail, il égaie la Cour par l'invention de nouveaux divertissements. Mais son implacable satire s'attaque à tous les vices comme à tous les travers. Exilé, il consacre ses loisirs à écrire.
Constant d'Aubigné : assez triste personnage, joueur et coureur de jupons, assassin de sa femme et de son amant, il s'était remarié en prison, à Bordeaux. Devenu libre, il partit pour les Antilles en 1639, où il abandonna, sans aucune fortune, sa famille qui l'avait suivi.
Françoise d'Aubigné, Marquise de Maintenon : née en 1635 dans la conciergerie de la prison de Niort, élevée dans la religion calviniste, elle fut convertie au catholicisme. A dix-sept ans, elle perdit sa mère et se trouva dans un vrai dénuement. Elle était fort belle et pleine d'esprit. Scarron, poète alors célèbre, difforme, perclus de tous ses membres et de vingt-cinq ans son aîné, mais bon et spirituel, lui proposa de l'épouser ; elle accepta et fut irréprochable dans cette situation délicate d'un dévouement absolu à ses devoirs.
Armand François du Vergier, Marquis de la Rochejaquelein : +22/04/1752. Lieutenant de Roi en Bas-Poitou.
Son petit-fils, Henri Louis Auguste, épousa Constance Lucie Bonne de Caumont d'Ade de Mitteau, dont il eut sept enfants. C'est l'ancêtre commun dont nous descendons tous.

Principales sources :
- Dictionnaire général de biographie et d'Histoire, Librairie Delagrave, Paris 1876
- Dictionnaire historique et généalogique du Poitou, Beauchet-Filleau, Poitiers 1895
- L'Allée du Roi, Françoise Chandernagor, Julliard 1981
- La Reine secrète, Histoire & Sociétés n° 65, sept-oct 1996

Yves Machet de La Martinière