BULLETIN 2007

L'histoire inédite de Juliette Colbert de Maulèvrier de 1786 à 1815
Conférence du 25 Juin 2006 À Bois Corbeau

Je ne parlerai pas de la vie de Juliette à Turin et en Italie. Vous la connaissez bien déjà, grâce à des biographes, la meilleure étant celle de De Montani et aussi grâce à la relation de Don Joseph Tuninetti dans le dernier numéro de la revue " Giulia ".
Je vais essayer de vous citer quelques détails de la vie de Juliette de sa naissance à l'année 1815 - détails encore inédits -
Juliette voit donc le jour à Maulévrier le 26 juin 1786, il y aura demain 220 ans.
Elle est baptisée le jour même. Son père, Édouard Victurien, très heureux de la naissance de sa seconde fille a convoqué des musiciens. Toute la population chante et danse dans la cour du château, devant les douze couleuvrines données par le Doge de Gênes. Stofflet, le chef garde-chasse veille au bon déroulement de la festivité.
Dans l'hôtel particulier de la rue de la Chaise, le bébé se porte bien, bercé par la sœur de Stofflet sous la surveillance de sa mère et celle de sa grande mère qui habite à deux pas rue du Bac.
La Révolution arrive, on ne va guère à Maulévrier où des troubles éclatent rapidement. C'est à Paris que naît un garçon, Édouard Auguste le 30 mai 1790.
Le père de Juliette est très actif en Allemagne mais il est destitué en 1792 de son poste de diplomate et rappelé en France. Il n'obéit pas au gouvernement jacobin et, par prudence, il fait venir toute la famille à Brussel où il loue une grande maison adossée aux remparts de la ville.
Bientôt l'avance des armées républicaines oblige la famille à se réfugier provisoirement à Arnhem, capitale de la province de Gueldre.
C'est là que naît le 10 février 1793 un second garçon, Charles Antoine. Quelques semaines plus tard Édouard Victurien, grimé et muni de faux passeports se rend à Versailles et à Paris où sa mère, Charlotte de Manneville, lui remet de l'or et des bijoux. Il manque de se faire arrêter, se cache à Vilbon et retourne à Brussel. Il ne reverra plus sa mère qui sera guillotinée le dernier jour de la Terreur et enterrée dans le charnier de Picpus.
La mère de Juliette ne se remet pas de son accouchement, pour la distraire un peu, on organise une petite fête à l'occasion du 7° anniversaire de la petite Juliette. Réjouissances et cadeaux : un pierrot broché, une robe en toile anglaise, des gants…
C'est aussi le début d'une éducation sérieuse avec les premières leçons d'allemand, de dessin et de danse. Son père lui verse une pension : 3 livres par mois. Elle sera portée à 6 livres à 10 ans puis 21 livres à 14 ans.
À Brussel, on se bat maintenant dans les rues. La mère de Juliette chassée de sa maison meurt dans des circonstances mystérieuses près de la cathédrale Sainte Gudule. Mais on ne retrouvera jamais son corps.
Après le départ de Mlle Stofflet, une certaine Sophie la remplace en tant que gouvernante puis ce sera la tante Anne-Marie Paris, comtesse de Crénolle, nièce de la Pompadour. Elle vit chez les Colbert, son mari est à Coblence dans l'armée du Prince de Condé.
Édouard Victurien, lui, quoique maréchal de camp, ne combat pas. Il se rend très utile en distribuant aux Émigrés les secours financiers que leur envoient le haut Clergé et les souverains catholiques allemands.
En juillet 1794, nouveau déménagement : cette fois, direction Essen en Rhénanie. Il prend beaucoup de plaisir à la navigation sur la Meuse, de Liège à Aix-la-Chapelle avec des arrêts presque " touristiques " à Maastricht et à Venlo.
Mais le climat trop humide d'Essen aggrave la tuberculose pulmonaire d'Anne-Marie Paris qui est devenue une seconde mère pour Juliette. Elle s'éteindra en juillet 1795 après " une vie toute d'amour et de prière " dans une belle demeure de la ville de Munster, face à l'église Saint Maurice. C'est là que toute la famille : Édouard Victurien, ses deux filles, ses deux garçons et trois domestiques vont passer les six années suivantes de leur exil. Le père prend en main l'éducation des aînés, ce qui lui est facile, car les opérations militaires se sont déplacées vers le sud de l'Europe. Munster, cité ecclésiastique et universitaire, dépend de l'Archevêque Électeur de Cologne ; elles est pleine de ressources. La colonie française, assez importante est parfaitement accueillie par la population, à majorité catholique.
La maison se remplit de meubles, un piano pour Élise la sœur aînée, un clavecin pour Juliette. On va au marché régulièrement faire des achats pour les enfants : des quilles, des volants, des coiffes en taffetas, des redingotes de mousseline et aussi un pantographe - dont nous reparlerons - pour Juliette.
La santé générale est bonne ; elle est d'ailleurs très surveillée. Les honoraires payés au médecin, au dentiste et à l'apothicaire en sont la preuve.
Il y a un bon théâtre à Munster, les abonnements sont pris et renouvelés, de même que les billets de loterie.
Les routes n'étant plus dangereuses, on en profite pour faire découvrir aux enfants Cologne, Hambourg, Heidelberg, Rotterdam et jusqu'à la province danoise du Holstein.
Trois années se passent ainsi dans l'attente de l'évolution de la situation politique en France - C'est ce qui finit par arriver au retour d'Égypte de Bonaparte.
Au début de 1801, Édouard Victurien se décide. Il franchit la frontière, personne ne l'arrête. Il n'est d'ailleurs pas véritablement un émigré puisqu'il avait été régulièrement envoyé en mission à l'étranger avant la révolution.
Son arrivée à Paris ne passe pas inaperçue de la Police de Foucher. Bonaparte veut le prendre à son service. Pars trois fois, il refuse obstinément. Cela va lui coûter 350 000 livres, le montant de la dot de sa femme qui avait été placée en rentes sur l'État, ainsi que la jouissance de ses terres et de son bois de Maulèvrier qu'il devra racheter. Il lui faudra aussi payer plus tard une dispense pour que son fils aîné ne soit pas enrôlé dans l'armée impériale.
Bien vite il prépare le retour de sa famille.À Paris, les hôtels Colbert de la rue St Dominique et celui de la rue du Bac ont été vendus. Il reste celui de la rue de la Chaise, délabré et pillé. Il le fait nettoyer et meubler avec l'aide de ses amis Pracomtal, propriétaires du Château de Vilbon, où il s'était caché pendant son voyage secret en 1793.
Enfin 1802, tout va bien à Munster. Édouard Victurien dirige un ultime déménagement. Mais il ne peut pas tout emporter. À regret, il faut vendre piano, clavecin, tables, coffres et lits, un grand nombre de livres et aussi, pour subsister, ce qu'il reste de bijoux et argenterie.
Longue est la route et fréquentes les haltes pour revoir ceux des parents ou amis qui ont survécu.
Élise, qui n'est jamais pressée, arrive la dernière à Paris le 1er mai. C'est un jour faste dont tous se souviendront. On vient justement d'acheter, pour 9 livres, un gros registre sur lequel sera noté, jour après jour, toutes les dépenses de la maison de la rue de la Chaise et cela pendant 30 ans.
Voici d'ailleurs ce qui fut consommé au dîner de ce 1° mai 1802 : Asperges, grenouilles, quatre pigeons, 2 poulets, fromage du Berry et douze gâteaux.
Il s'agissait d'un repas ordinaire. En cas de cérémonie apparaissent des truffes, des primeurs de fruits et de légumes, des glaces qui viennent du café Procope au Palais Royal. La lecture du registre nous apprend que les grenouilles étaient sur la table un jour sur trois environ et que le poisson, les fromages arrivaient de très loin. Il y avait un grand choix d'épices et du chocolat pour Juliette acheté chez Bailly, confiseur rue Vivienne -
Pour les boissons, le vin ordinaire était acheté par barriques et le vin fin par bouteilles. Il s'agissait de Bordeaux, du Médoc et de préférence du Léoville à 2 livres la bouteille.
Thé et café à volonté, aussi de la bière ; la limonade était fabriquée à la maison avec des baies de sureau. Le sucre était acheté par 25 Kg.
Le laitier, le boucher, le boulanger, le porteur d'eau étaient payés à la fin du mois.
La dépense mensuelle se montait à 500 ou 600 livres. Il n'y avait pas de cocher, ni de chevaux, d'où une dépense supplémentaire pour chaque déplacement à l'intérieur et hors de Paris.
L'hôtel particulier de la rue de la Chaise, que certains d'entre vous connaissent déjà était construit entre une cour avec une belle porte cochère et un jardin qui s'étendait jusqu'à une chapelle de l'ancienne " Abbaye au Bois ". Ce n'était pas une paroisse - à la différence de Saint Sulpice - mais il y avait un curé qui officiait. Édouard Victurien donnait généreusement à la quête et pour le pain bénit. Il s'acquittait aussi d'une dispense pour "ne pas faire Carême ", 24 livres pour toute la maisonnée, payées à l'archevêque de Paris.
Juliette maintenant majeure (14 ans). Son éducation se poursuit. Les cours d'Anglais ont remplacé ceux d'Allemand et - est-ce une prémonition ? - elle a aussi un maître d'Italien. Il n'est plus question de leçon de danse, sans doute inutiles et le dessin est privilégié. Le peintre Jean-Baptiste Greuze, qui avait échappé à la guillotine, vieux et presque ruiné, venait de reprendre ses pinceaux et de rouvrir, avec sa fille Anne-Genevièvre, son atelier de peinture. Juliette fut une de leurs rares élèves. Ils connaissaient déjà la famille Colbert dont quelques membres s'étaient fait tirer le portrait chez eux.
Juliette s'exerçait sur les épreuves du Maître. Sur de simples copies, elle ajoutait des variantes et des fantaisies. C'est ainsi que " la petite fille au chien " devenait la " petite fille qui tient un chien ". Un épagneul remplaçait un basset, la tête à droite - ou bien à gauche… Image fidèle ou reflets dans un miroir ? Et pour finir c'était " la petite fille avec le chien King Charles " que tout le monde connaît.
Juliette, qui avait déjà " une bonne main " et l'expérience du pantographe prenait là un plaisir extrême.
Édouard Victurien a remonté sa garde-robe et même acheté trois perruques à la Cadogan, mais il ne s'est pas rallié au Premier Consul, il n'a guère de vie mondaine. Les familiers de la rue de la Chaise se réduisent aux parents proches comme le frère Èdouard Charles enfin revenu d'Amérique mais qui se marie rapidement - en 1803- pour aller vivre à Montboissier près de Vendôme. C'est sur la route de Maulèvrier, mais Juliette répugne à s'y rendre pour ne pas voir les ruines calcinées du village et du château incendiés à deux reprises par les Colonnes Infernales. Il ne reste d'habitable que le petit pavillon de gauche dans l'arrière-cour.
L'année suivante, 1804, c'est Élise qui se marie, à Fontainebleau. Son mari Charles Louis Le Peltie d'Aunay de Rosanbo et son cousin Jacques de Chastenet de Puységur, tous deux écrivains renommés sont des adeptes du magnétisme. Ils ont réussi à faire la part des phénomènes dus à l'électricité statique et les ont blanchi du soupçon de "magie noire " entretenu trente ans auparavant par des charlatans criminels.
Nous pouvons imaginer Juliette, avec l'espièglerie dont elle fait preuve dans les dessins qu'elle nous a laissés, interrogeant " Esprit est-tu là ? " et faisant " tourner les tables " avec d'autant plus de facilité qu'on les remue subrepticement.
Plus sérieuse fût l'influence de la Marquise de Pastoret qui fut pour Juliette l'émule d'une méthode nouvelle d'éducation des enfants par la douceur, la persuasion, la prière et l'amour de Dieu.
Les grands amis ce sont les Pracomtal, fidèles entre les fidèles. Ils avaient caché Édouard Victurien lors de son voyage secret sous la Terreur et depuis l'avaient informé de la situation politique. Depuis son retour, les contacts sont très fréquents, à Paris ou chez eux,à Vilbon, où l'on va en fiacre. C'est là qu'auront lieu le mariage religieux de Juliette et celui, six ans plus tard, de son père.
Donc le 18 août 1806 mariage de Juliette. Chacun connaît ce véritable conte de fée, le coup de foudre dans une antichambre du palais des Tuileries après la gifle donnée par la future duchesse d'Abrantes à Juliette qui " traînait les pieds " au service de l'impératrice Joséphine.
Celle-ci, qui valait mieux que son époux, arrangea les choses. C'est elle qui signa, avec Napoléon, le contrat de mariage à Trianon le 18 juin.
La dot était de 180.000 livres à laquelle s'ajoutait une pension du grand-père maternel le Marquis de Crénolle. Elle était la bienvenue car " Tancrède " n'était payé de sa fonction de page, puis de Chambellan que par l'honneur qu'il devait en avoir". Et comme il n'était pas " un fils de famille " au domicile de ses parents à Turin, ceux-ci ne lui envoyaient pas d'argent.
Le mariage religieux fut béni à Vilbon. Les jeunes époux étaient comblés de cadeaux : bijoux, vêtements, mobilier et même un portrait du grand ministre Jean-Baptisite Colbert. Ils firent la tournée des cousins dans leurs propriétés de Normandie et de Champagne avant de fixer à Paris dans un appartement de Boulevard des Capucines puis place Vendôme.
Le voyage à Turin, c'est Édouard Victurien qui va le faire en janvier 1807. Pour des raisons d'économies, il préfère se déplacer seul ; le trajet revient en effet à 825 livres - Mais en contrepartie, les frais domestiques de la maison de la rue de la Chaise diminuent quand le maître est absent : 190 livres par mois au lieu de 600 environ.
Le père de Juliette va rester dix mois à Turin. Il est bien reçu et bien traité au Palais Barol mais il est scandalisé par le mode de vie des nobles piémontais et leur façon de se conduire. Le Marquis Ottavio della Morra, père de Tancrède, s'est entièrement rallié à Napoléon qui l'année suivante le nommera Comte et sénateur de l'Empire. Ila même surchargé ses armoiries de la " Domus aurea " ce que nous considérons comme un crime de lèse majesté envers le souverain légitime.
Question finances, Ottavio, en application de la coutume du Piémont, refuse de donner de l'argent à son fils et encore moins à sa belle fille alors qu'il possède une énorme fortune et 5000000 livres de rente - si son fils a besoin d'un vêtement ou d'un meuble - qu'il demande - le marquis lui-même le choisit, le paie et le fait livrer… au palais Barol.
Pour Édouard Victurien les rapports avec les nobles de Turin manquent de cordialité. Il est vrai que l'atmosphère politique : exil du Roi, occupation française, est loin d'être joyeuse. Il est inutile de se présenter au domicile de la personne que l'on souhaite rencontrer. La porte est close et les volets fermés d'ailleurs il n'y a pas de portier et les escaliers sont sans lumières. Les contacts n'ont lieu que dans les loges, minuscule et sales, de l'Opéra qui reste le seul endroit possible pour se voir et échanger quelques paroles.
Édouard Victurien préfère excursionner dans la campagne en des lieux où vécurent ses ancêtres comme Saluces et Montferrat ou d'autres qui évoquent des batailles où ils ont combattu comme Staffarda.
Enfin il s'étonne du mauvais état des vignes mal taillées et de la mauvaise qualité du vin qui ne se conserve pas. Cette réflexion nous fait mesurer l'énorme tâche que Juliette dut entreprendre pour donner an nebliolo et au barbareseo la renommée qu'ils connurent dés son vivant.
À ce sujet Édouard Victurien constata que les Faletti officiaient comme lui une affection pour le vin de Léoville. Il prit l'habitude de leur envoyer, chaque année, quelques bouteilles.
En 1812, il se remaria avec Pauline de Juigné, la nièce du dernier Archevêque de Paris avant la Révolution. Elle était aussi sa légataire universelle.
Service religieux à Vilbon - belle cérémonie - musique, beaux habits, nouvelles perruques et libéralités de l'assistance.
Juliette n'est pas oubliée. Pour elle : livres de musiques, bouteilles de vin, de marasquin, de tafia, du thé, de la pâte de guimauve, d'amande, de marron, d'abricot et bien-sur du chocolat, " des bâtons de chocolature ". elle reçoit même une chasuble, on ne sait pour quel usage.
L'année suivante, naissance d'un fils, le dernier enfant prénommé René Victurien, avec lequel s'éteindra la branche masculine des Colbert de Maulévrier.
Ensuite c'est une période de silence, de fin de règne,. Le 20 avril 1814 le jour des " adieux de Fontainebleau " un grand bruit réveille Tancrède et Juliette, ils voient sous leurs fenêtre Place Vendôme rouler la statue de Napoléon. Et de l'autre côté de la Seine, les Cosaques campent dans la cour de l'hotel de la rue de la Chaise.
Et Maulèvrier pendant tout ce temps ? Seul Édouard Victurien s'en occupe. Il reconstruit le château presque à l'identique, méticuleusement mais lentement. Une fois terminé, du moins pour le gros œuvre extérieur, le 1 octobre 1820 il inaugure un obélisque à la mémoire de Stofflet.
Juliette est là, une foule immense la reconnaît et la salue comme Jeanne d'arc, symbole de la grandeur des Colbert et de la pérennité de la Vendée.
C'est avec émotion que j'évoque un événement qui fut probablement un tournant dans la vie de Juliette avec une vision de son avenir. C'était le 2 juin mille huit cent quinze. Trois mois avant, Bonaparte avait quitté l'Ile d'Elbe ; la guerre reprenait partout.
À Rome, à Florence on criait " Le roi Murat arrive " et tout le midi remontait vers le nord
Même le Pape Pie VII était déjà à Gênes où l'on criait aussi " Le roi Murat arrive ". Et le pauvre Pape repartit sur la mauvaise route de Turin.
Mais à Turin, ce n'est pas Murat qui arriva mais l'annonce de la bataille de Waterloo. Alors le Pape dit : " Il faut chanter un Te Deum ". L'archevêque Pacca ajouta " Il faut faire une Ostension du Saint Suaire " Tout de suite !
Sitôt dit, sitôt fait. Une foule immense grouillait sur la Place du Château. Dans le salon au dessus de la Chapelle, le Pape et l'archevêque sortaient le linge hors des sept boites, la dernière en or, et tous les deux, ils l'étendaient sur le balcon d'abord de face, puis à droite, puis à gauche.
Ensuite ils se mirent à la replacer dans la petite septième boite. Mais leurs gestes étaient maladroits.
À coté d'eux se tenaient Juliette et son amie Adèle d'Osmond, la fille de l'ambassadeur de France. Les deux jeunes femmes voulurent aider à plier le Saint Suaire. Mais l'archevêque s'écria " Arrêtez ! Il n'y a que le Pape ou un Prince de l'Église qui aient le droit de toucher " ; et ils bourrèrent en vitesse le Linge dans la boite en or. Dommage ! mais tant pis !
Sur la place, la foule et les soldats dansaient, chantaient et criaient :
Vive le Pape !
Vive notre roi Victorio !
Vive la Paix !
Et Juliette pensait
" Maintenant c'en est fini de Napoléon et de toute sa bande.
Maintenant c'en est fini d'avoir à demander des sous au beau-père Ottavio, Tancrède va être nommé décurion et peut-être bourgmestre de Turin
Et moi… moi je serai la mère des petits enfants !
La mère des pauvres gens !
La servante de Dieu !

A.-M. Bergeron